Je ne suis pas sûr qu'"essais" soit le bon mot pour vous présenter la démarche que j'emprunte quelques fois. Loin des règles, mais dans l'âpreté du sujet, les textes qui suivent ne peuvent, à mon sens, traduire l'émotion qui les imprègne, qu'en s'exonérant des contraintes. L'utilisation du langage courant s'appuie sur la phonétique résultant des allitérations couramment rencontrées, elles sont à la base du rythme qui, lui-même, évolue en fonction de la charge émotive. Tout cela donne des images précises et vivantes  qui devraient interpeller le lecteur.

 

                                                                                                       Michel ALBEREMER

 

 

ON F’RA COMM’ SI

 

 

Viens on f’ra comm’ si.... On vivra comm’ça....

T’as du vagu’ à l’am’...

t’sais plus où t’en es ?

 On f’ra comm’si t’étais ma femm’.....

On vivra comm’ ça si ça t’plais....

Y’en a d’plus malheureux !...

 des qui n’ont mêm’ pas le R.M.I..

des qui n’ont qu’leurs yeux...

 pour pleurer tout’ les nuits...!

Nous deux on a d’la chanc’...

on s’connait d’puis peu....

 mais ça avanc’...

 on s’ra plus des gueux !..

On mang’ra 8 jours sur trente.

 en f’sant attention !

 l’assédic c’est comm’ un’ rent’....

 c’est du pognon ! ..

Viens on f’ra comm’ si on avait du boulot...

on vivra comm’ça... cess’ tes sanglots

On va pas s’bouffer l’sang parc’qu’un patron nous a lourdé

 Manqu’rait plus qu’ça quon s’sent’ fautif !

Y voulait dégraisser... y m’a pas raté

j’suis qu’ un squelet’ sous mes longs tifs ! 

Mais toi ma belle t’as tout gagné

 t’as des yeux d’gazell’ d’puis qui s’sont creusés..

ça t’fais pas rir’ mon humour noir’?

T’ veux partir ....comm’ l’aut’ soir ?

 Fais pas ça ma grand’...

ça m’fout les gland’

 J’ai besoin d’toi ! ....

 Viens on f’ra comm’ si ....On vivra comm’ ça.....

J’veux pas rentrer tout seul...

j’vai encor’ m’saouler la gueul’...

T’as rien compris....

c’est moi qui sombr’....

j’suis qu’ un débris....

mêm’ plus un’ ombr’...

Viens on f’ra comm’ si....On vivra comm’ ça...

A deux s’ra plus pareil ! ...

J’oubli’rai la bouteill’..

On pourra causer......Entre deux nausées....

.On peut pas continuer....faut s’extirper.

 Prenons l’même bateau... mêm’ si c’est un rafiot..

On vivra ensemble... Vois mes mains trembl’nt...

Viens...Viens on f’ra comm’ si on s’aimait....

 On vivra comm’ ça....!

 

 

 

 

 

LES ZOTR’S

 

 

Les Zotr’s y comprenn’ pas

Les Zotr’s Y disent comme ça

Qu’on est des bons à rien

Juste à donner aux chiens

Y dis’nt qu’ils bossent pour nous

Y dis’nt qu’on vol’ leurs sous !

Les Zotr’s y comprenn’nt pas notr’ importance

Dans l’économie d’la france !....

On est comm’ le couvercl’ su' l'chaudron

C’est nous qu’on tient les boulons !...

Les Zotr’s y réfléchiss’nt pas

Sinon y diraient pas  ça

Si on n’étaient pas là y’ aurait pas d’bas salair’s

Les Zotr’s y turbin’raient pas pou un' misère !...

Les économist’s .... c’est pas des cons!

Y’s  ont trouvé la méga- solution !

Pour diminuer l’prix d’revient

Faut qu’la main d’oeuvr’ ne coûte rien

La rentabilité impose sa loi

Qui c’est qui paie si c’est pas toi .?

Comme rien n’est parfait sur cett’ terre

Faut obliger les gens à s’tair’

Tu lourdes la moitié de l’effectif

T’as plus qu’cinquante pour cent à ton passif

Ceux là s’ront bien heureux

Y s’ront les Zotr’s pour les chomeux !

Depuis qu’je suis aux Assédic

J’ai déchiffré la bell’ musiqu’ !

Les Zotr’s  y comprenn’nt pas

L’temps d’réfléchir y connaiss’nt pas !

Les Zotr’s y trim’nt et sont d’la baise

C’est l’patron qu’en est bien aise !

‘l a d’la main d’oeuvr' à bon marché

Vu quell’ voudrait pas êt’ débauchée

Si les Zotr’s voulaient nous tend’ la main

Y’aurait p’têtr’ un espoir au bout du ch’min 

 

 

 

 

J’SUIS HEUREUX

 

 

J’suis heureux j’suis pas rich’

Si j’étais rich’

On fouill’raient dans mes niches

Moi j’ai pas d’niche

Si… une… mais y’a rien d’dans

Cel’ d’mon chien qu’est mort fin d’lan

 

J’suis heureux j’ai plus d’emploi

Ca fait trois mois

Y’en a qu’en perdent des milliers

J’vais pas m’plaindre ni brailler

Moi j’n’en perds qu’un

C’est l’mien mais c’n’est qu’un !

 

J’suis heureux c’est la crise

J’ai l’gâteau et la c’rise

L’pouvoir d’achat vient d’ exploser

D’puis que l’gazoil a baissé

10 minutes qui’m’fallait  bosser

Pour un litre à tirer

Maint’nant à tout casser

C’est 5 minutes qui m’faudrait…Si j’pouvais

 

J’suis heureux j’suis actionnaire

Vu qu’l’Etat s’veut solidaire

Pour les banquiers qui n’ont p’us d’rente

Le v’la qui booste le Cac quarante

Avec les sous du citoyen

Et c’ fric là c’est bien l’mien !

J’rêve de bénéfice

Et d’feux d’artifice

Sur les champs Elysée

Quand j’descendrai tout étoilé

Sous mon parachute doré

 

J’suis heureux et plein d’bonheur

J’voudrais partager mon beurre

Par exemple mes fins d’mois

Avec ceux qu’en ont plus qu’moi

S’raient p’t être heureux aussi

D’viv’ avec le RMI

La vie est ainsi faite y’a pas d’solution

Les riches pleurent quelques millions

Evaporés aux  fonds de la bourse

Y sont malheureux, en fin de course

Moi j’suis heureux puisque j’vous l’dis

La crise c’est l’paradis

Vive la crise sur le gâteau

L’Etat m’fait des cadeaux

J’paie plus d’impôts

J’étais syndiqué

j’suis assédiqué

J’ai p’têt  pas tout compris

C’est pas clair dans mon esprit

J’étais malheureux, avant d’êtr’heureux

Maint’nant que j’suis heureux, j’suis malheureux

Faudra que j’consulte un psy

Et j’reviendrai ici

Pour vous donner l’résultat

De nos ébats-débats

En attendant j’suis heureux

J’suis heureux !

 

J’suis heureux !

 

 

 

 

DIS M’MAN

 

 

Dis m’man

T’aurais pu m’ dire

Qu’in fallait pas

Dis M’man

T’aurais pu m’ dire

Qu’aimer c’est pas ça

 

Me v’la l’cœur en lambeaux

A r’garder l’eau du ruisseau

 

Dis M’man t’aurais pu m’ dire

Qu’aimer c’est pas s’donner

Qu’c’est tout juste prêter

Un bout d’son âme un bout d’son corps

Un bout d’ses rêves pour le décors

 

Dis M’man

T’aurais pu m’ dire

Qu’i’n’ fallait pas

S’laisser aller à ne rien voir

A échanger sans le vouloir

Un bout d’bonheur un bout plaisir

Contr’l’abandon de ses désirs

 

Dis M‘man

T’aurais pu m’ dire

Qu’tavais connu bien avant moi

La trahison et ses dégâts

 

Dis M’man t’as pas voulu

C’est vrai j’n’aurais pas cru

Qu’un bout d’ma vie qu’un bout d’ma g’nèse

Se f’rait la malle au Père Lachaise

Que j’me r’trouvrais le cœur lambeaux

A regarder l’eau du ruisseau

Si j’gardais pas par devers moi

Un bout d’sang froid un bout d’raison

Pour tempérer mes illusions

je m'foutrais sur'ment à la baille

Mais faut bien vivre vaille que vaille

 

Dis M’man tu m’as rien dit

 

Mais m’man j’ai tout compris

 

 

 

PARDON  L’ENFANT

 

 

                                    Pardon l’enfant...Pardon mon p’tit... C’est pas vrai tout c’que j’tai dit... Rien n’est grand... Tout est mini .  L’amour ? .. du vent !  L’amitié ?..  Néant.  Y’a pas d’rêves... Faut qu’tu crèves... C’est pas d’vant qui faut r’garder, c’est par derrier’ qui faut t’garder.  Y’a des crevures qui vont t’bouffer. Ferm’ tes grands yeux... Laiss’ moi partir.  Si y’en a pour deux ,.. à toi d’courir l’plus loin qu’tu peux dans l’coin des riches qu’ont du boulot , pour boulotter tout ton perlot... Les p’tits oiseaux , c’est du pipeau.. Bouzill' les tous, le sang c’est beau, c’est rouge, ça coul’ partout, jusqu’au ruisseau, et ça bouillonne, ça fait des bulles, la vie couillonne tout ce qui bouge...Y’sont fous tous ces idiots qui carillonnent qu’les p’tits zoziaux ça fait plaisir près du métro!... T’as du pain... Faut pas comprend’... Dis toi que d’main on peut t’le prend’... Tir’ su’ le premier v’nu... çui qui t’tend la main c’est qu’il a faim... C’est qui t’col’ à son m’nu... Tue le avant ou t’es foutu !...T’laiss’ pas avoir par les bavards qui prèch’ l’entraid’... Faut pas qu’tu cèd’ !... Chant’ la bouch’ plein’... c’est pas poli à c’qu’on t’as dit... On t’as menti, faut faire avec, ceux qui en ont ce sont des mecs!.. Surtout lâche rien... sinon un pet ou bien un rot c’est ça la vie à mon avis… faut pas aimer trop.... Et puis j’vais t’dir’ l’marmot, la guerre c’est l’pied, y’a des sanglots, y’a des tués...  ça fait d'la plac' pou’ les rapaces !... Calcul’ un peu tu comprendras... 30 paires de draps que l’on prendra pour les drapeaux... Et les ciseaux qu’il nous faudra pour les chapeaux... Et l’fil pour les broder..Compte un peu tu comprendras….ça fait des heures de production !... Et les avions que l’on déglingue...Et les pilot’s dans la carlingue!.. Ceux là aussi rapportent gros!...Au prix du bois pour un cercueil, ça gagne autant que mille sabots !...J’toffr’ un canon... Tu m’paies un pot !..L’porte feuilles mille sabords, ça se nourrit avec de l’or... L’or de tes yeux et çui des gueux !... De ceux qui crèv’nt dessous les bomb’s... La gueule ouverte sous les décomb’...T’as vu cell’ la... Elle est pas belle... Elle a du sang sur ses jar’telles... D’vait et’ une pute pour qu’on la but’ !.. Si son môme est mort avec, bin c’est tant mieux... Y’a bien trop d’vieux!...

 

Mais dit l’enfant tu pleur’ ?

C’est d’ma faut’ j’tai fait peur

J’aurais pas dû te dir’ tout ça

La vie c’est pir’ tu l’apprendras

Vient près d'mon cœur

A la bonn’ heure !

Y'a encor’ du sang dans mes vein’s

Y’ coul’ tout chaud

J’nai froid qu’dans l’dos!...

Bon Dieu d’Bon Dieu!.. C’est bien ma vein’

J’sais plus quoi t’dir’

Serr’ moi la main !..

dis moi l'espoir

fait moi y croir'

 

 

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