La Paix est le bien le plus précieux pour l'humanité. Ancien Combattant, je pense être de ceux qui peuvent en parler avec le plus de conviction. C'est la raison pour laquelle je vous propose de prendre connaissance d'extraits de discours que j'ai prononcé lors des cérémonies patriotiques commémoratives. 11 NOVEMBRE armistice de la Guerre 14/18, 19 MARS fin de la Guerre d'Algérie, 8 MAI fin de la Guerre 39/45, début SEPTEMBRE de chaque année, anniversaire de la libération de Mont Saint Martin. J'ai toujours fait de mon mieux pour transmettre mes convictions et j'espère que vous trouverez, dans ces textes, assez de motivation afin qu'ensemble, nous agissions pour que l'utopie devienne réalité.

 

                                                                                                      Michel RICHARD

 

11 NOVEMBRE 2010

 

A l’heure où l’on voit poindre la volonté de certains, tous horizons confondus, d’exploiter l’essence même des civilisations, pour diviser et régner, il est temps d’attirer l’attention du plus grand nombre. D’autres, avant nous, ont cru à la pérennité de leur vision du monde. Ils étaient égyptiens, romains, grecs… Leurs Dieux étaient Aah, Phébus, Apollon ou encore Esculape ou Asklepios. J’avoue que j’ai du utiliser internet pour les retrouver ! Combien d’êtres humains ont perdu la vie en leurs noms ? Est-ce que leur disparition a amené une quelconque catastrophe, hormis la destruction ou l’abandon de leurs temples que nous visitons lors de nos vacances ?  Les seules traces qu’ils ont laissées sont des jalons que l’on retrouve sur le long cheminement de la race humaine. Ils nous servent au mieux de référence « temps » et dans le pire des cas nous tirent un sourire condescendant envers nos ancêtres qui les ont vénérés.  Il est très possible que nos croyances actuelles subissent le même sort demain ou dans quelques siècles. Pour l’instant ne leur reconnaissons que le droit d’exister, elles ne sont ni pire ni meilleures que celles qui ont permis à nos aïeux de trouver des points d’appui à leur existence.  La coexistence des cultures est un nouveau défit à la tolérance. La difficulté se trouve dans l’appréhension de l’attitude à adopter, et la solution ne pourra intervenir, positivement, que si chacun, à la place où il se trouve, s’interroge sans a priori. Ne laissons pas les extrémistes de tous poils exploiter nos peurs, ce serait prendre la responsabilité de nouveaux holocaustes

19 MAR 2015

 

    - Les frustrations personnelles de Dirigeants plus ou moins illuminés, les intérêts financiers ou idéologiques qui en sont trop souvent le moteur, ne sauraient justifier les atrocités engendrées par les conflits armés. Dans ces aberrations  infernales qui broient les corps et les âmes l’individu se retrouve désemparé, coincé entre le devoir de solidarité avec le groupe auquel il appartient et la conscience qu’il a de l’universalité de l’humain. Le questionnement de nos 20 ans demeure d’actualité.

    - Anciens Combattants, nous devons plus que jamais transmettre à  la jeunesse l’expérience qui fût la nôtre pour qu’elle devienne la pierre angulaire de l’édifice Terre. L’histoire est un éternel recommencement est-il dit, faisons en sorte que le recommencement ait pour point de départ la Paix que nous aurons su établir.

19 MARS 2010

Une Nation est composée d’individus qui acceptent de vivre ensemble sous la férule de règles établies et respectées. Ils subissent, ou bénéficient des aléas issus de la décision des dirigeants qu’ils ont élus. L’histoire de la Nation s’articule et évolue sur trois axes : le Passé par nature immuable … le présent transitoire … et le futur à construire. Aimons la France telle qu’elle est, c'est-à-dire avec ses grandeurs et ses faiblesses (pour ne pas dire bassesses, dans certains cas) … comme nous aimerions l’un de nos proches. Regardons-la sans concession, car ce serait la desservir. Disant cela, je laisse à chacun la responsabilité de son analyse. Utilisons le présent comme une passerelle. Aimons la France au point de la vouloir plus belle,  plus grande  et plus propre. Le vécu de la Nation est commun à tous les français, posons-nous les bonnes questions  si nous voulons obtenir les bonnes réponses, nous y sommes condamnés par l’impérieuse obligation du devoir citoyen. Obligeons-nous au courage, pour la faire progresser vers un idéal de Liberté, d’Egalité et de Fraternité. Notre devise nous y incite. Le futur sera, pour reprendre la formule consacrée, ce que nous en ferons. Le Patriotisme se nourrit de cette démarche. L’investissement est volontaire et réfléchi. Le Patriote sait que son Pays n’est pas seul sur la planète, et que d’autres existent avec leurs spécificités, ceux-là, aussi, ont le droit d’envisager l’avenir en fonction de leurs aspirations, et d’y travailler. Il n’y a pas d’exemple, de par le monde, où un peuple ne se soit émancipé s’il en avait décidé ainsi. Quelles que soient les forces en présence, l’ardeur des combattants et le temps à y parvenir, c’est une constante. A  l’inverse méfions-nous du nationalisme qui propulse la Nation au rang de la divinité … qui éventuellement lui dénie le droit à l’erreur  … qui ne lui trouve que des qualités  … qui rejette l’autre en lui refusant le droit à  une existence autre que subalterne.

Cette attitude nourrit les rancœurs et freine l’établissement de relations planétaires sereines. N’oublions rien du passé  …  l’avenir en dépend   … et la Paix en découle.      

8 MAI 2019

 

Toutes les guerres laissent des traces, surtout chez les enfants, véritables éponges de tout ce qui les entoure, celle de 39/45 a marqué mes jeunes années. De mes souvenirs,  auxquels se mêlent ceux de ma fratrie sans que je puisse distinguer les uns des autres en voici un tout à fait particulier :

Il était grand, il était sec comme un coup de trique, il avait de grands yeux bleus, il aimait jouer avec les enfants et eux le lui rendaient bien, son sourire bienveillant installait la confiance. Chaque jeudi, il faisait le tour du village et emmenait toute une bande d'insouciants gamins ( en apparence) dans une carriole tiré par Bijou, fier cheval ardennais, réquisitionné et obligé de travailler pour l'armée allemande. Qu'elle était le but de la promenade ? Tout simplement les vergers gérés par la "Wol" organisation mise en place par l'occupant afin de gérer, à son profit, l'agriculture en France occupée. Nous dégustions les bons fruits destinés aux allemands, que nous n'avions pas à la maison, sous la protection de notre ami et en toute tranquillité. Il ne manquait jamais de nous prévenir d'un "achtung! la vieille" lorsque le vieux militaire, certainement un retraité, qui commandait le secteur, s'en venait, juché sur son haridelle, vestige de 14/18. Hermann était un brave type et pourtant il était de la race des Fritz, des schleus, des verts de gris, des frisés, des fridolins, des boches, des doryphores. J'oublie certainement quelques noms imagés dont on affublait les envahisseurs. Hermann, notre Hermann était de ceux-là ! . Comment concevoir ou même s'imaginer qu'un tel homme fut impliqué dans le massacre des camps ? Comment trouver un semblant de ressemblance entre lui et ceux qui massacraient, pillaient, torturaient, tuaient à tout va ? Qui déportaient des peuples entiers destinés, selon leurs critères, à l'extermination totale ?

Le temps a passé, la question m'est souvent revenue: sommes nous tous des Hermann en puissance ? Ce citoyen lambda d'une Nation finalement pas plus mauvaise qu'une autre, fût- elle la nôtre, ce citoyen dis-je, n'a-t-il pas fait l'autruche ? Alors que l'on voit refleurir les idées, saugrenues autant que détestables sur le fond, celles qui ont prévalu avant le déclenchement de ce cataclysme universel, n'oublions jamais qu'elles ont coûté 50 millions de vies. 50 millions de vies broyées pour l'utopie d'un Empire qui devait durer 1000 ans et qui, en fait, n'a vécu que le temps de détruire son peuple.  Ne nous arrive-t-il pas  de fermer les oreilles et les yeux? Il ne nous suffira pas de dire, comme Hermann, "Misère la Guerre", ni de pleurer, comme il l'a fait, devant nous, avant de partir sur le front Russe. Nous serons, comme lui, condamné avec les autres, parce que la responsabilité se partage, qu'elle est collective. Hermann aurait pu être l'auteur du très beau texte conçu par Martin Niemöller, Président des Eglises réformées de Hesse-Wassau. Partisan de l'arrivée d'Hitler avant d'être résistant. Hermann, lui, n'était pas et n'avait jamais été nazi. Hermann, lui, n'avait jamais résisté. Hermann, lui, s'était simplement contenté d'être allemand. A quoi cela lui aurait servi de se poser des questions, puisque d'autres étaient là pour trouver les solutions et le faisaient à sa place ?

Je vous livre ce poème, que certains connaissent déjà. Il développe en 10 vers l'obligation qui est la nôtre : ne laisser à personne la possibilité de décider à notre place de la Paix ou de la Guerre.

Quand ils sont venus chercher les communistes,

Je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,

Je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste

Quand ils sont venus chercher les juifs,

 Je n’ai rien dit, je n’étais pas juif

Quand ils sont venus chercher les catholiques,

 Je n’ai rien dit, j'étais protestant... ...

Puis ils sont venus me chercher,

Et il ne restait plus personne pour dire quelque chose »

 

Martin Niemöller fut déporté à Dachau de 1938 à 1945

 

La passivité ne signifie pas être pacifique, au contraire, c'est prendre le risque de la guerre. 

 

 

14 JUILLET 2018

Par une Loi du 6 juillet 1880, la 3e République décidait de faire du 14 juillet, la fête nationale. Aujourd'hui, ce n'est pas le 14 juillet 1789, comme beaucoup le croient, mais le 14 juillet 1790 qui est commémoré. Ce n'est donc pas la prise de la Bastille que nous célébrons, mais la volonté du peuple de France de retrouver son unité. En effet, un an après la prise de la Bastille, la Fête de la Fédération est organisée à Paris. Rappelons nous, qu’à cette époque la France est encore une Monarchie qui connaît autant d’opposants que de partisans. Sous l’impulsion de l’Assemblée Constituante et du Marquis de La Fayette, le Roi Louis XVI prête alors serment de maintenir la Constitution décidée par cette assemblée lors de la Fête de la Fédération. Nous connaissons tous la suite et les excès que le grand chambardement révolutionnaire a engendré, mais ne sous-estimons pas l'avancée sociale incommensurable qui en a résulté. N'oublions pas non plus la vision de l'avenir qu'avait le Peuple. Cet avenir, il le voyait comme l'aboutissement des aspirations légitimes de l'humain à vivre heureux et comblé. Ce peuple qui a su  concevoir une devise renfermant à elle seule l'essence même de notre Pays "Liberté - Egalité - Fraternité" avait la certitude que, l'exemple aidant, cette devise deviendrait le socle de l'humanité. Pour autant qu'est devenu ce beau message, même dans le Pays des lumières, comme il a été désigné universellement? Les nobles ont été remplacés par quelques familles qui, à elles seules, détiennent bien plus que l'ensemble des Citoyens. La Constitution a recréé l'espace et les pouvoirs détenus en d'autres temps par la royauté tout cela sous l'étiquette de la Démocratie dont il ne demeure que le nom. Le "bon peuple" ferme les yeux et laisse mourir  des milliers d'enfants en Méditerranée sans trop se rebeller, mais quelle est la différence entre ceux-là et la douzaine qui défrayent la chronique actuellement, enfermés qu'ils étaient, dans une grotte en Thaïlande? Vaut-il mieux perdre la vie noyé, qu'enterré? Pourquoi la vie des uns serait-elle plus importante que la vie des autres? Les moyens de communication actuels et l'impact qu'ils obtiennent auprès des médias font et défont les opinions, l'individu perd, sans s'en rendre compte, le libre arbitre de ses choix. La manipulation des esprits devient monnaie courante. Le doute s'installe, le citoyen perd confiance, ressent un sentiment d'impuissance et les extrémistes de tout bord profitent de ce terreau pour ensemencer leurs idées.   Le constat est amer, mais faut-il pour cela cesser de vouloir changer les choses ? En ce jour de fête nationale, il est bon de ne pas perdre le fil conducteur qui nous a été donné par la révolution. La route sera longue, les désillusions nombreuses. Il nous reste cependant à souhaiter que plutôt qu'une révolution, une évolution des mentalités fasse que les objectifs poursuivis par quelques-uns, pour rendre l'humanité à l'humain, sortent du domaine de l'utopie et servent de socle à la civilisation. Si cet élan vient de chez nous, alors,  la France aura effectivement retrouvé l'éclat du Pays des Lumières. Espérons qu'il en soit ainsi et que s'éveille... et vive... la France rêvée par ceux de 1790.

 

Bonne fête à toutes et à tous

10 SEPTEMBRE 2006    (anniversaire de la libération de Mont Saint Martin)                                                                                                    

 

Début septembre 1944 les troupes alliées, aidées par les FFI, repoussaient les nazis hors des limites de Mont Saint Martin. Aucun de ceux qui n’ont pas connu ces jours de liesse, ne peut s’imaginer l’intensité du moment. Enfant, je me souviens de la première auto mitrailleuse qui s’est arrêtée, dans mon village des Ardennes. J’ai encore le goût du premier chewing-gum dans la bouche . Sur la peau le souffle chaud du tuyau d’échappement frôlant mes jambes nues et je sens encore cette odeur, inconnue, de l’essence brûlée. Que dire de cette barre de chocolat, qui nous fut offerte, si ce n’est que jamais friandise n’a su me la faire oublier. Et ces hommes dans leur tenue kaki, qui ne parlaient pas comme nous mais savaient se faire comprendre, qui faisaient le V de la victoire de deux doigts pointés vers le ciel , ces rires en cascades, ces mains tendues, ces fleurs dans le fouillis des cheveux féminins, ces cris, ses interjections véhémentes : Ils sont partis !  Hitler est foutu ! les boches ne reviendront plus !

Je me souviens, ce soir-là, m’être couché avec la certitude qu’une autre vie commençait, sans bien savoir ce qu’elle serait, mais convaincu, dans ma candeur de gosse, que tout serait facile puisque j’allais découvrir la Liberté.

Tant de fois j’avais entendu Papa et Maman parler « d’avant guerre »   avec le désespoir, que l’on doit au paradis perdu, ou, se projetant dans l’avenir, dire « Après guerre », pour désigner l’Eden qui, enfin, commençait aujourd’hui. Malgré mon excitation j’avais hâte de m’endormir, car au réveil, j’allais commencer à vivre. Tout serait facile, l’Allemand n’étant plus là, il n’y avait plus aucune raison de s’inquiéter. Le cancer était résorbé , aucune rechute n’était possible !

Depuis l’enfant a grandi et l’adulte a eu à subir ! 39/45 n’était pas la der des ders, les métastases ont envahi le monde.  Il ne s’est pas passé une journée sans conflit.

Devons-nous pour autant baisser les bras ?

Le devoir de mémoire n’existe pas c’est une nécessité ! Comment pourrions-nous oublier les 50 millions de morts de la deuxième guerre mondiale ? Oserions-nous faire abstraction des dérives qui l’ont enfantée ? Nos pères et mères ne parlaient jamais de nazis ..Ils disaient « les allemands » ou « les boches » ce qui laissait bien entendre que l’ensemble du peuple germain était considéré, et à juste titre, comme responsable.

 Hitler et ses sbires ne sortaient pas du néant. Leur légitimité néfaste était un mandat du Peuple allemand  qui les avait mis là où ils étaient.

La démocratie est certainement le meilleur des systèmes mais elle se mérite. Elle se doit d’être alimentée et nourrie par la réflexion et le souvenir .La réflexion permet d’aller au bout du raisonnement et le souvenir permet de savoir où nous allons, les mêmes causes ayant les mêmes effets. Encore faut-il s’imposer le temps nécessaire à l’une et à l’autre. La Paix est l’affaire de chacun d’entre-nous. Nos insatisfactions et nos craintes ne pourraient, en aucun cas, nous dédouaner des conséquences d’un mauvais choix. Pour l’avoir oublié les Allemands ont plongé le monde dans le chaos durant 5 longues années.

Septembre 44 ouvrait, une fois de plus, les portes de l’espoir, ne les refermons pas malgré nos désillusions. Gardons en nous cette part d’utopie qui nous poussera toujours à croire que l’homme est capable d’appréhender le passé pour préparer l’avenir. Y renoncer reviendrait à considérer que l’ »humain » n’a plus sa place dans l’humanité.

 

 

Vive la Paix ,Vive la France,

 

 

8 MAI 2008                                                                                      

 

S’il suffisait de se rassembler, pour que le monde évolue vers la prise en compte des problèmes qu’il a rencontré, pour trouver les solutions qui lui permettront de sublimer l’avenir, il y a longtemps que l’humanité serait ce que nous espérons pour nos enfants. Malheureusement les commémorations sont trop souvent perçues comme l’expression d’un patriotisme ringard, qui n’a plus sa place dans la vie citoyenne. A y regarder de plus près cette réaction tient avant tout à la confusion, qui se fait dans certains esprits, entre patriotisme et nationalisme. Si l’un est porteur pour créer, et surtout renforcer, l’identité nationale, l’autre se traduit par le rejet systématique de tous ceux qui ne sont pas nés sur le sol national. Ces derniers se voient affublés de tous les travers et surtout  pourvoyeurs de tous les cataclysmes, qu’ils soient économiques ou générateurs de conflits armés.

Le cadre patriotique de cette commémoration étant fixé, arrêtons-nous quelques instants, afin  d’élargir notre réflexion, pour qu’il en reste quelque chose d’autre que le vin d’honneur qui nous sera servi tout à l’heure.

 

Il y a 63 ans les portes des camps de concentration finissaient de s’ouvrir laissant apparaître l’horreur. Nous nous garderons de stigmatiser un peuple, le peuple allemand, car nous ne fermerons pas les yeux sur les horreurs qui ont été perpétrées, ensuite, par ceux-là même qui ont eu à subir le poids du nazisme. Pas plus que nous n’occulterons le Cambodge, le Ruanda, le Chili, l’Argentine, la Serbie et bien d’autres, pour prendre en compte, aussi,  les reproches qui peuvent nous être faits dans la gestion de la crise algérienne. Cette évocation en forme de litanie nous fait ressentir l’étroitesse de la ligne qui sépare l’humain de l’inhumain. L’homme, s’il ne se tient éveillé par la gestion rigoureuse des valeurs fondamentales qu’il entend développer, sombrera dans leur contraire et c’est à ce moment que l’abomination sera son lot. Quel que soit le peuple, quelle que soit la patrie, quelle que soit l’ethnie le citoyen peut devenir nationaliste, s’il ne se prend pas en charge, ou s’il se laisse envoûter par quelques illuminés qui sauront exploiter ses peurs et ses craintes. Regardons le passé sans a priori, regardons le tel qu’il est, sans rien lui ajouter, ni rien lui retrancher contrairement à ce monsieur, qui nie l’évidence, pour masquer les risques, qui seraient les nôtres, à le suivre. Par delà les monceaux de cadavres des fosses communes, voyons toutes ses mains décharnées tendues vers nous, ne baissons pas le regard devant ces yeux exorbités, ses membres squelettiques, ces corps d’enfants et d’adultes réduits à l’état de magma. Puisons dans ses images insoutenables la volonté de nous surpasser pour que nulle part et jamais plus nous n’ayons à commémorer la déchéance humaine. 

 

 

19 mars 2004                                       

 

 

Il est difficile de se souvenir. Le vécu de nos Pères, et leur expérience, s’estomperaient si nous n’avions des repères forts sur la trame du temps.

Que serait 14/18 si nous n’avions pas le 11 novembre et l’enfer des tranchées qu’il nous suggère !

Que serait 39/45 si l’odeur des camps et la barbarie nazie ne s’imposaient  à nous chaque 8 mai !

Ce qui est vrai pour les conflits antérieurs l’est aussi pour la guerre en Algérie, Maroc et Tunisie. Diluer la mémoire en dispersant le vécu collectif  sur plusieurs dates, relève du détournement  intellectuel !

 La France est une dans sa diversité. Son passé ne peut être saucissonné en fonction des courants qui la composent. Ce qui fut, s’impose à notre réflexion, à l’état brut (voir dans sa brutalité). Se souvenir c’est aussi se construire. L’analyse peut être différente, les conclusions opposées, l’amalgame doit se faire dans la conscience d’appartenir à une et même nation.

La France est nôtre . Citoyens, nous lui devons de tenir compte des expériences passées pour la construire plus forte et plus belle. C’est en cela que le devoir de mémoire, comme l’on dit aujourd'hui, trouve sa pleine justification. La question qui se pose est de savoir le but que nous poursuivons lorsque, comme ce soir, nous nous retrouvons devant les Monuments aux Morts... Est-ce que nous nous réunissons comme le font les anciens d’une quelconque association, c’est à dire de façon restrictive, ou est-ce que notre rencontre marque la volonté d'appréhender dans sa globalité et ensemble ce qu’à vécu la France d’hier ?. La  FNACA a toujours privilégié la démarche de commémorer à une date qui “parle” à tout le monde, en l’occurrence le 19 MARS. C’est sa volonté de regarder notre Pays dans les yeux. Parce que nous l’aimons nous acceptons ce qu’il est. Il est à l’image des hommes qui le composent, fort et faible à la fois. Il est en définitive notre reflet au travers du prisme des suffrages qui font vivre notre Démocratie. Ses erreurs et ses gloires sont les nôtres ! La vérité historique se suffit à elle-même il est inutile, voir nuisible, d’en inventer une autre.Donnons un message clair et sans équivoque à nos jeunes. Il n’y a pas lieu à polémiques.

Il y a quelques jours nous officialisions la réimplantation de notre stèle du souvenir. Ce monument, comme je le soulignais, est un hommage à l’ensemble des victimes.  Ces hommes, ces femmes, ces enfants, qui ont perdu leur vie durant le conflit en ce qui fut l’Afrique française du nord, ont disparu par centaines de milliers. Croyez-vous, que là où ils sont, ils cultivent encore les différences qui ont justifié leur engagement dans l’un ou l’autre camp ? Parmi eux que pensent certaines et certains qui se sont trouvés au mauvais endroit au mauvais moment. Ils nous interpellent, tout simplement : leur mort était-elle nécessaire ? N’y avait-il pas d’autres solutions pour arriver à la Paix qui a découlé de leur sacrifice voulu ou imposé ? N’y a-t-il pas d’autres chemins que la voie des armes ?   A nous et aux peuples du monde de trouver les réponses à leur questionnement. Que la date de leur décès ait été avant ou après le 19 Mars ne change rien, ils sont les victimes d’un seul et même conflit, dont nous portons collectivement la responsabilité. Voilà pourquoi depuis 40 ans la Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie, et vous à ses côtés, se recueille avec respect  en leur mémoire.

 Aujourd’hui comme hier et demain comme aujourd’hui nous ferons en sorte que la mémoire collective s’intègre dans l’Histoire telle qu’elle est et non pas comme certains la rêvaient.L’utopie n’a pas sa place dans le passé c’est dans l’avenir qu’elle puise ses racines, la nôtre qui nous l’espérons deviendra réalité, est de voir naître un monde de liberté où, malgré les différences, chacun trouvera sa place conscient, bien entendu, de ses droits mais, surtout, de ses devoirs. 

 

19 mars 2008

 

L’homme peut faire beaucoup de chose mais il n’a pas la possibilité de refaire le passé. Les commémorations ne peuvent que se référer aux événements tels qu’ils se sont produits. Vouloir transgresser cette notion fondamentale s’est s’exposer au déni et au révisionnisme. Le 19 mars 1962 à midi le cessez-le-feu prenait effet en Algérie. La voie était ouverte pour que s’instaure la Paix. Nul n’est en droit de nier les exactions qui furent commises par la suite et nul ici ne les conteste. Nous ne cherchons même pas à les attribuer à tel ou tel camp. Elles font partie de l’histoire au même titre que les combats qui précédèrent. Nous n’oublions pas, non plus, le soulagement des familles métropolitaines qui voyaient enfin leurs enfants réintégrer la vie civile, pas plus que le désespoir des pieds-noirs, contraints de quitter le sol de leur naissance. Nous pleurons avec nos frères d’arme Harkis et supplétifs qui ont été trahis par cette France, notre France, qui s’est abaissée, ainsi,  jusqu’au seuil de l’abjecte. Commémorer le 19 mars c’est prendre tout cela en compte et le partager. Rassemblés devant cette stèle chacun se remémore et c’est de cette mémoire de vécus individuels que nait la mémoire collective. Elle est faite de zones d’ombre et de fulgurances héroïques. De grandes et de petites choses, d’unanimités et de discordes. En nous l’appropriant nous en faisons le socle de notre identité et le ferment de notre conscience nationale. Ceux qui ont choisi de l’occulter ou de la déformer se coupent de la Nation,  pour se retrancher dans un sectarisme, qui ne débouche sur rien, sauf à vouloir le repli sur soi et la culture de la haine. La cérémonie d’aujourd’hui souligne notre volonté de n’oublier rien ni personne. C’est la raison pour laquelle nous rendons un hommage à toutes les victimes civiles et militaires de ce conflit. Quelles qu’elles soient, elles méritent notre respect car elles sont, avant tout, les victimes de la folie des hommes. La guerre n’a jamais rien apporté de bon et en l’occurrence à bien y regarder tout était en place pour qu’une cohabitation constructive s’instaure. La défense d’intérêts hors du temps et l’aveuglement des dirigeants de l’époque en ont décidés autrement. Que ce constat serve de leçon et alors les commémorations seront des moments de joie et de fraternité pour tout le monde. Puissions nous être entendus !

 

 

 

 19 MARS 2003, DISCOURS DEVANT LA STELE

                    A LA MÉMOIRE DE TOUTES LES VICTIMES DE LA GUERRE D'ALGÉRIE                                            

 

Il y a 6 ans nous inaugurions cette stèle et en ces lieux je m’exprimais au nom des anciens combattants d’Algérie unis au sein de la FNACA de Mont saint Martin. Ce jour-là, comme aujourd’hui, c’est avec la certitude de parler au nom de nos 150 adhérents que je prends la parole. Que disions-nous à l’époque ?

 

La guerre ne vient pas toute seule....Elle ne naît pas par génération spontanée....Elle est le résultat d’une volonté politique au service de vues économiques ou idéologiques....Elle existe pour le plus grand malheur de l’humanité....La guerre est une connerie...Elle n’est, et ne sera jamais propre ....Les bombes qui ne tuent que les méchants n’existent pas....Le seul moyen que l’homme possède pour supprimer la guerre est de faire la guerre à la guerre et cela relève de la responsabilité de chacun.

 

Nous pouvons constater combien ces paroles prennent tout leur sens ....Faut-il que des femmes, des enfants et des hommes meurent parce qu’ils sont sous le joug de l’un des plus méprisables tyrans actuels? N’existe-t-il pas d’autres moyens pour éliminer cet homme et lui seul. Offrons aux Irakiens l’image de démocraties vertueuses ...Faisons leur envie et ils feront le travail eux-mêmes. Comment peut-on envisager de nous faire croire qu’un changement de régime nécessite le sac du pays?  La France se grandit en refusant de s’associer à cette grand-guignolesque, criminelle et macabre aventure aux relents de pétrodollars. Jusque là, le tribunal de La Haye n’a sanctionné que les vaincus .. osons espérer que demain, les vainqueurs, puisque l’issue de cette odieuse agression ne fait aucun doute, auront à rendre des comptes, ce ne sera que justice.

 

Oui la Paix est un devoir...Oui la guerre est un crime ! Les frustrations personnelles de quelques dirigeants plus ou moins illuminés...Les intérêts financiers ou idéologiques ne sauraient justifier les atrocités provoquées par les conflits armés.

 

Notre volonté s’inscrit dans la trace de nos aînés de 14/18 et de 39/45 qui s’écriaient “plus jamais ça” ! Même si les guerres ne sont pas comparables...Même si les enjeux sont différents...les constantes qui les déclenchent demeurent...Hégémonie, xénophobie, expansionnisme,  fanatismes de toutes sortes...sont autant de déviances qui conduisent irrémédiablement à la catastrophe.

 

Enfants des écoles écoutez vos maîtres...Ils vous disent l’Histoire...Ce lent cheminement , jalonné d’obstacles, dont l’étude permet de mesurer le chemin parcouru dans la quête de l’humain. La Paix est un devoir…, refusez toute haine...La confrontation des idées ne doit générer qu’une synthèse constructive pour que ce qui en découle serve au bien de tous. Soyez respectueux des idées et des biens d’autrui, soyez curieux de l’autre....Plus vous le connaîtrez ,…. plus il vous sera proche. Bush parle de  croisade....Il a tort, Ben Laden veut tuer ceux qu’il désigne comme “infidèles” parce qu’ils ne pensent pas comme lui....Il a tort… .L’homme s’inscrit dans la diversité de ses origines et de ses croyances . Quels que soient les chemins, qu’il pense devoir prendre, son but est le même : tendre vers le bien-être et la plénitude de ses aspirations matérielles, morales et spirituelles. Nous sommes tous différents ….. L’acception de cette évidence doit nous éviter les travers qui ont engendré le nazisme il y a quelques décennies et , plus près de nous, les atrocités dans les Balkans.

 

Il est certainement trop tard pour beaucoup de petits irakiens…. Ils vont subir la folie des hommes… qu’au moins ce désastre, c’est la moindre des choses, serve à vous forger une volonté indéfectible au service de la Paix dans le monde. Soyez fiers de votre pays qui, aujourd’hui, dit non à la guerre mais si, demain, il venait à se renier votre rôle de citoyen vous imposerait de mettre tout en œuvre afin  qu’il retrouve la voie de la paix et de la raison, sans attendre que d’autres le fassent à votre place !

 Vive la Paix …..Vive la France

 

 

Trente huit années se sont écoulées avant que ne soit reconnu l’état de guerre, trente huit années de tergiversations de faux prétextes, nous pourrions employer le terme de négationnisme s’il n’avait été inventé pour d’autres amnésies.

Nous commémorons donc aujourd’hui le cessez le feu mettant fin à la guerre et le retour à la Paix, comme nous le faisons pour les autres conflits. La logique et le devoir de mémoire, dont ils se font les chantres, imposent à nos Gouvernants  de joindre l’acte à la parole .Ils doivent déclarer le 19 Mars  date officielle du souvenir; près de 80% des citoyens l’ont déjà fait selon un récent sondage.

 Quant à nous, Anciens Combattants de toutes les générations, notre vœu le plus cher est de ne plus avoir à commémorer.!! Notre utopie va jusqu’à envisager une terre sans guerre, c’est à dire, un monde ou les responsables, élus du peuple , sauraient reconnaître à celui-ci le droit inaliénable de vivre en Paix. Les guerres se déclarent trop facilement; elles sont l’aveu d’une paresse intellectuelle qui privilégie la force face au respect de l’autre, plutôt que de rechercher des solutions négociées qui, tôt ou tard, se révéleront inéluctables! Ces Messieurs comptent....Ils comptent leurs divisions. ...Leurs missiles intelligents.....Leurs pétro dollars ......Leurs supers engins ultra sophistiqués qui vous découpent en trois morceaux égaux un timbre poste à 200 kms et s’en va tuer la vilaine mouche tsé-tsé qui s'apprêtait à filer le palu au chérubin dans son berceau ! ....Ils comptent.......Gare à celui qui en a moins ou à celui qui n’a pas un ami qui en a plus !.......... Comment expliquer autrement les différences de traitement des crises en cours !........ Et l’homme dans tout cela ? ....l’homme fait son devoir de citoyen....Il subit la loi de la démocratie dans le meilleur des cas..... c’est à dire qu’il obéit à l’appel de l’autorité que le peuple s’est donné....Il se retrouve un fusil en main  avec le devoir de détruire l’ennemi désigné si celui-ci ne le détruit pas avant.

 Les décorations que je vais remettre tout à l’heure sont autant de placebos posés sur des plaies non refermées et qui ne le seront jamais. Si elles  témoignent à chacun des récipiendaires..... la  reconnaissance de la Nation , elles ne lui donneront jamais la réponse aux questions posées à l’individu. Que la satisfaction d’être reconnu l’ apaise... et qu’il accepte les félicitations qui lui reviennent !

 

Enfants des Ecoles, votre Pays, ,Notre France, a la capacité, parce qu’elle est ouverte, de répondre plus que jamais aux obligations de sa devise...Liberté.....Egalité.....Fraternité.....Commençons sur notre territoire......Reconnaissons à chacun le droit de vivre sans entraves sauf celles que constitue le droit de l’autre....Soyons conscients de nos différences et prenons bien soin quelles ne soient pas ressenties comme une agression par celui qui vit à nos côtés.  Aucun antécédent historique ,aucune appartenance confessionnelle ou idéologique, aucun préjugé établi ou non......Ne saurait remettre en cause l’absolue nécessité de voir l’espèce humaine vivre en parfaite harmonie . A vous de tendre vers ce but.....Il n’est jamais trop tard même si la nuit tombe parfois trop vite........Que notre expérience vous serve de leçon !

 

 

Partagez votre site

Vous pouvez utiliser mes textes

comme vous l'entendez.

Je vous demande simplement

de me le faire savoir et de m'indiquer l'usage que vous allez en faire. A noter qu'il est interdit d'utiliser mes écrits pour se faire de l'argent.

Vous devrez, également, mentionner mon nom en tant qu'auteur.